L’arthrose chez le cheval
L’arthrose et la dégénérescence de l’articulation :
Arthrose est un mot qui fait peur et qui souvent fait penser aux vieux chevaux. Pourtant, l’arthrose peut aussi être une pathologie juvénile.
Pour bien comprendre l’arthrose, la première chose est de ne pas la confondre avec de l’arthrite. L’arthrite est une affection articulaire d’origine inflammatoire. Cette inflammation peut concerner l’ensemble de l’articulation soit le cartilage, le liquide synovial et sa capsule ou encore l’os. Elle nécessite un avis et un traitement vétérinaire bien entendu.
L’arthrose, quant à elle, est une dégénérescence de l’articulation. Il s’agit d’une érosion du cartilage articulaire qui finit par abimer les structures avoisinantes, os compris.
Il faut bien comprendre que le squelette serre de charpente au corps mais les os qui la constitue ne se touchent pas. Ils sont unis par des ligaments et des capsules articulaires mais ne doivent jamais se trouver en contact direct.
Les articulations sont définies par les mouvements qu’elles permettent. Son amplitude de mouvement lui est propre. Elles peuvent être simples (juste deux os) ou complexes (plus de deux os se rencontrent).
Les os sont maintenus en connexion par des ligaments. Ils servent à stabiliser l’articulation. C’est un tissu conjonctif très solide mais peu élastique. C’est pour cette raison que, suite à une entorse, l’articulation reste instable.
L’articulation est protégée par une capsule articulaire, celle-ci continent un liquide : la synovie. C’est la membrane de la capsule articulaire qui produit ce liquide. Il s’agit d’un liquide visqueux qui est riche en acide hyaluronique.
Le cartilage articulaire se trouve sur l’extrémité de l’os et le protège des frottements. La première partie de l’os (os sous-chondral) est fusionnée avec le cartilage. C’est lui le nerf de la guerre dans la lutte contre l’arthrose.
En effet, le cartilage subit de grosses pressions lors des mouvements articulaires. Il a la capacité de se déformer et de s’écraser, pour ensuite reprendre la forme, lors des différents mouvements. Le cartilage est composé à environ 75% d’eau. Lorsque qu’il subit une pression, il excrète de l’eau et quand la pression se relâche, il se réhydrate et subit une expansion possible grâce à la présence de la synovie. Etant donné que le cartilage est avascularisé (pas de vaisseau sanguin), c’est sa seule façon de se procurer des nutriments. Il trouve les nutriments nécessaires dans la synovie qu’il pompe.
Cet échange constant de liquide sous-entend que le mouvement est nécessaire à une santé articulaire optimale. Car plus le cheval bouge et utilise ses articulations, mieux le cartilage est irrigué et peut se renouveler.
L’espace intra-articulaire diminue et les cartilages articulaires vont entrer en contact. Ils frottent alors l’un sur l’autre et s’usent.
Quand le cartilage est soumis à de trop fortes pressions, le filet de collagène qui le protège se rompt. Le cartilage se gorge alors d’eau, ce qui provoque de l’œdème, et il finit par se fragmenter. Des morceaux de cartilage se retrouvent alors libres dans l’articulation.
Le cartilage est le premier atteint au cours par l’arthrose mais les autres structures suivront. En effet, la membrane synoviale va chercher à nettoyer les fragments de cartilage tombés dans la cavité articulaire. Elle va donc réagir en produisant une quantité plus abondante de synovie. Ceci aura pour effet de produire de l’inflammation.
A un stage plus avancé, il peut y avoir formation d’ostéophytes, c’est-à-dire de becs osseux. C’est l’os qui réagit à l’excès de pression.
Malheureusement, l’arthrose est une maladie dégénérative. Une fois que le processus est enclenché, on ne peut plus l’arrêter. Il est possible de ralentir l’évolution et de donner du confort au cheval mais cela reste un traitement palliatif et non curatif.
Comment prévenir l’arthrose?
La prévention de ce type de pathologie commence chez le poulain. Les 5 premiers mois de vie sont cruciaux quant à la santé articulaire future du cheval. En effet, le mouvement influence positivement la croissance et l’ossification. Les impacts au sol permettent de solidifier l’os et de le rendre plus fort.
L’os croit grâce aux cartilages de conjugaison. Mais c’est le cartilage articulaire qui nous intéresse dans ce cas-ci. Le cartilage du jeune poulain est appelé homogène. Avec le mouvement et les contraintes, il va devenir hétérogène (donc plus résistant). Comprenez par là qu’il va se renforcir dans les zones soumises à plus de contrainte.
C’est pour cette raison que les poulains vivant exclusivement au box sont plus sujet aux fractures de fatigue. Une étude menée sur 4686 individus à monter que les individus qui commençaient un travail tôt avaient un système musculosquelettique plus performant que les chevaux travaillés tardivement.
Toutefois, il faut prendre cette information avec des pincettes car le travail doit être justement dosé pour éviter certains écueils tels que l’arthrose précoce. En effet, si le travail vint renforcer, en excès, il peut provoquer une usure prématurée des structures. Le liquide présent dans l’articulation, la synovie, est produite en fonction de la demande. Quand le cheval est immobilisé, l’articulation se gorge de liquide. Quand le cheval reprend son activité physique, la synovie sera absorbée par le cartilage articulaire. Par conséquent, un manque d’exercice va ankyloser les articulations tandis qu’un exercice excessif va assécher celle-ci.
De plus, l’adaptation du cartilage aux contraintes se termine vers l’âge de 2 ans. Donc si le cheval n’a pas renforcé ses cartilages avant cet âge, il sera plus prompt aux troubles articulaires. Il va de soi que le meilleur exercice pour un si jeune cheval est de resté au pré avec des potes.
Si nous continuons de parler du poulain, la conformation est aussi primordiale pour la future santé articulaire du cheval. Ses jambes doivent être verticales, sans rotation par rapport au genou. Un cheval panard ou cagneux aura tendance à fatiguer plus sa jambe du côté opposé. Une tête large peut entrainer une surcharge de l’avant-main. La conformation de l’encolure aura, quant à elle, une grande influence sur l’équilibre du cheval. Les muscules de l’encolure permettent aux autres structures de se synchroniser pour gérer l’équilibre. Une encolure mal attachée aura donc une influence considérable sur toute la locomotion du cheval. Une épaule trop droite prédispose à une activité plus intense du genou. Un paturon trop court nuira à l’amortissement des chocs. Ceci est juste un échantillon des impacts de la conformation sur les contraintes exercées sur les articulations.
En effet, l’efficacité des mouvements est directement influencée par la conformation. L’équilibre des pieds est un autre facteur à prendre en compte. Pour vous donner un exemple concret, un cheval qui billarde (souvent un cheval cagneux) devra faire plus d’effort pour effectuer un mouvement qu’un cheval droit. C’est encore plus vrai quand il s’agit d’une jambe fortement déviée ou franchement déformée.
Un parage régulier est nécessaire. Il va permettre d’éviter les fortes contraintes sur les tissus mous, tels que les tendons, et sur le long terme sur les articulations. Un parage devrait se faire toutes les 4 à 6 semaines. Ceci va éviter les évasements qui nuisent aux tissus dépendants.
Comme nous l’avons vu, l’exercice a un impact positif sur la formation du tissu osseux. Ce phénomène porte un nom : augmentation cyclique de la charge. Un exercice bien mené aura pour effet d’augmentera la capacité de résistance de l’os. Par contre, un exercice trop contraignant blessera le cartilage et sur le long terme mettra en péril la santé articulaire.
Il est recommandé de faire un travail léger avec un jeune cheval. Avant 7 ans, le cheval n’est pas à maturité physique. Il est aussi proposé de limiter les impacts sur le dos avant cet âge. Travailler en trot enlevé et au galop de chasse, voir enlevé, limite les impacts sur le dos. Le jeune cheval a tendance à rigidifier son dos. Entre 7 et 8 ans, il est possible d’introduire doucement le trot assis. D’abord sur les transitions d’allures et progressivement sur des temps plus longs.
Le sol de votre manège aura aussi un impact important sur la santé articulaire mais aussi tendineuse de votre monture. Trop mou, il sera dur pour les tissus mous (tendons notamment). Trop dur, ce sont les articulations qui seront impactées.
L’alimentation joue encore un rôle important dans la santé articulaire. Il faut bien comprendre que le squelette joue un rôle de charpente mais pas uniquement. Il a aussi un rôle de réserve en sels minéraux. Si le cheval ne trouve pas les minéraux qui lui sont essentiels dans sa nourriture, il ira donc puiser dans ses réserves, soit dans les os. Notamment, le poulain a besoin d’une alimentation qui lui convienne et qui respecte ses besoins.
Traiter l’arthrose :
Tout d’abord, un bilan vétérinaire est nécessaire si vous suspectez une arthrose chez votre cheval. Et le vétérinaire est clairement votre meilleur allié! Grâce aux radios, aux tests en flexion et tests de mobilité, il pourra juger de la gravité des lésions et de la meilleure prise en charge.
Il existe quantités de traitements et de solutions pour soulager le cheval, le vétérinaire aura le plus à même de vous orienter. Cela passe par des traitements d’anti-inflammatoire, des infiltrations ou carrément de la chirurgie.
Votre praticien manuel, quant à lui, pourra soulager les compensations et détendre votre monture.
Il est possible d’aider votre cheval avec des produits en vente libre qui contiennent de la glucosamine, chondroïtine, msm et encore acide hyaluronique. Ces produits se donnent en général sous forme de cure. Ils sont d’ailleurs excellents en prévention. Une cure par an dès le débourrage aidera à garder une santé articulaire optimale.
En premier lieu, vous devez bien comprendre que l’arthrose est une maladie dégénérative et qu’elle ne pourra pas guérir. Il va falloir vivre avec et limiter les dégâts.
Pour aider votre cheval :
Faire un vrai bilan vétérinaire et suivre les recommandations de celui-ci.
Avoir un suivi régulier avec votre forgeron. De bons pieds entretenus limiteront les impacts et leurs répercussions.
Adapter votre activité physique : un cheval qui présente de l’arthrose a besoin de temps pour se réchauffer. Adopter donc une hygiène de travail avec lui. Commencez par le marcher en main environ 10 minutes avant de le monter. Puis, une fois en selle, marchez 10 minutes au pas libre avec lui. 10 minutes, c’est plus long que ça en a l’air, pensez à utiliser un chronomètre. Ensuite, vous pouvez travailler au trot dans un rythme lent pour bien chauffer les articulations. Tant que votre cheval n’est pas bien chauffé, évitez les terrains qui sont accidentés ou mal plats. Et pour finir, le cercle est votre ennemi. Plus le cercle est petit et plus il est contraignant pour les articulations.
Contrôle du poids de votre cheval. Il est nécessaire de le garder mince. Un excès de poids mettra une contrainte supplémentaire sur ses articulations.
Le manque de mouvement aura tendance à faire gonfler les articulations. Par conséquent, les longs temps de box sont défavorables au cheval arthrosique. Mieux vaut être en mouvement.
En conclusion…
L’arthrose, c’est la poisse !!! Dans ce cas-là, la prévention reste la meilleure option. Cela dit, avoir un cheval qui a de l’arthrose ne veut pas autant dire qu’il est fini. Votre cheval peut vivre bien et performant longtemps. À condition de prendre les mesures nécessaires pour le bien-être de votre cheval.
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